RUGBY. « Un message flou concernant la santé des joueurs » : le carton rouge est-il en train de perdre sa portée ?

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Après plusieurs essais lors de divers tournois, le carton rouge avec exclusion temporaire de 20 minutes sera désormais expérimenté dans toutes les compétitions majeures, du Top 14 à la Coupe du monde féminine, en passant par les Mondiaux U20.

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C’est une étape importante qui ne passera pas inaperçue. World Rugby vient en effet de valider la généralisation de ce carton rouge temporaire à compter de cet été. Le principe est simple : le joueur sanctionné est exclu du jeu sans possibilité de revenir, mais il pourra être remplacé au bout de vingt minutes. Cette évolution majeure vise à préserver le spectacle, mais elle divise, notamment en France.

Déjà testé dans plusieurs événements récents — comme le Tournoi des Six Nations, les tests d’automne ou encore le Super Rugby — ce carton rouge « assoupli » sera déployé dans toutes les compétitions d’élite dès le 29 juin. Cela concerne aussi bien les championnats du monde U20 et féminin que les championnats nationaux comme le Top 14, la Champions Cup ou la Challenge Cup. World Rugby précise que cette phase d’expérimentation constitue « la dernière étape avant une adoption complète » prévue en 2026.

Une opposition forte en France

L’objectif officiel est clair : éviter qu’une sanction individuelle ne pénalise excessivement une équipe, en maintenant une forme d’équilibre numérique après 20 minutes. World Rugby souhaite ainsi « préserver l’intégrité compétitive » tout en maintenant la sanction. Cette proposition séduit une partie du monde anglo-saxon, mais provoque une vive contestation en France.

Opposée depuis longtemps à cette réforme, la Fédération française de rugby, par la voix de son vice-président Jean-Marc Lhermet, a vivement critiqué cette approche :
« Le carton rouge est un outil fondamental pour garantir la sécurité des joueurs. Le réduire, c’est envoyer un message ambigu sur les gestes dangereux. » (source : Rugbyrama)

Cette inquiétude est largement partagée en France, où la protection des joueurs est devenue un enjeu prioritaire.

Interrogé sur ce point sensible, le nouveau président de World Rugby, Brett Robinson, a tenté d’apporter des garanties :
« Le carton rouge de 20 minutes sanctionne l’individu sans pénaliser toute l’équipe. Mais la santé des joueurs reste une priorité non négociable. »
Il s’agit d’une position délicate, qui tente de concilier spectacle et sécurité — deux notions parfois difficiles à harmoniser.

Et maintenant ?

Ce débat soulève plusieurs questions : la gravité d’un geste dangereux peut-elle être vraiment sanctionnée par une exclusion temporaire de vingt minutes ? Le fait de pouvoir remplacer un joueur réduit-il l’effet dissuasif du carton rouge traditionnel ? À l’inverse, une exclusion définitive dès la 5ᵉ minute pour un geste involontaire, mais maladroit, ne pénalise-t-elle pas trop sévèrement toute une équipe ?

Quoi qu’il en soit, les mois à venir seront scrutés de près. En cas d’adoption définitive en 2026, cette nouvelle règle pourrait profondément modifier la manière dont les matchs sont arbitrés et la stratégie des équipes face aux décisions disciplinaires. Une révolution est en marche, mais elle reste encore à confirmer.

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