Si vous avez suivi le tennis dans les années 1980, vous vous rappelez sans doute la rivalité intense entre Chris Evert et Martina Navratilova. Sur le court, elles se détestaient, mais avec le temps, leur rivalité s’est muée en respect, puis en amitié une fois leur carrière terminée.
Pour Aryna Sabalenka, la Biélorusse qui danse sur « Ketchup Song », et Iga Swiatek, la Polonaise qui se concentre au son d’AC/DC, on ne sait pas encore si elles passeront un jour leurs vacances ensemble. Ce n’est pas gagné, mais un début de rapprochement se fait sentir entre ces deux des meilleures joueuses du monde, qui s’affrontent ce jeudi (pas avant 15 heures) en demi-finale à Roland-Garros.
Depuis 2020, elles se partagent le palmarès des Grands Chelems : Swiatek compte 4 titres à Roland-Garros et un US Open, tandis que Sabalenka a remporté 2 Open d’Australie et un US Open. Une véritable domination du circuit.
Pourtant, ces deux joueuses, séparées par trois ans d’âge (27 ans pour Sabalenka, 24 pour Swiatek), ne se sont pas toujours appréciées. La politique n’a rien arrangé. À la suite de la guerre en Ukraine, Swiatek avait regretté que les Russes et leurs alliés biélorusses ne soient pas exclus des compétitions. Sabalenka, originaire de Minsk, où s’opposer au régime peut être risqué, n’avait pas vraiment apprécié cette prise de position. « La vérité, c’est qu’avant, nous ne nous parlions quasiment jamais », confie-t-elle.
Leur relation se limitait à des signes de tête polis dans les allées des tournois ou devant les hôtels, sans véritables échanges. Sur le court, c’est Swiatek qui dominait, avec 8 victoires en 12 confrontations avant ce jeudi.
Mais depuis leur dernier duel, le 18 août 2024 à Cincinnati, les choses ont évolué. Swiatek a traversé une période de doute, tandis que Sabalenka a pris le dessus.
Après une défaite en demi-finale de l’Open d’Australie malgré une balle de match, une lourde défaite face à Coco Gauff à Madrid, et une élimination précoce à Rome, Swiatek a cherché à retrouver son meilleur niveau avant de revenir à Paris, où elle avait gagné il y a un an.
Pendant ce temps, Sabalenka est devenue numéro 1 mondiale à l’automne et a impressionné en remportant le WTA 1000 de Madrid sur terre battue avec une autorité remarquable. La hiérarchie semble inversée, et même si Swiatek reste redoutable, Sabalenka est favorite pour ce duel. « C’est toujours un défi de jouer contre Aryna, son jeu s’adapte à toutes les surfaces. J’ai hâte de l’affronter », explique Swiatek. « J’adore les grands défis, et affronter Iga en est un. Ces matchs nous font progresser, nous rendent plus fortes. Je suis toujours heureuse de jouer contre une adversaire capable de me pousser », répond Sabalenka.
Depuis quelques mois, leur relation s’est légèrement réchauffée, au point qu’elles se tutoient maintenant. Tout a commencé avec une vidéo TikTok tournée à Riyad en début d’année, initiée par Sabalenka, où on les voit danser ensemble. « Je suis simplement allée la voir et je lui ai proposé de faire un TikTok. J’ai réalisé qu’on pouvait communiquer, échanger, voire même s’entraîner ensemble. Ce fut la première étape de notre nouvelle relation », raconte la Biélorusse.
On n’en est pas encore à une grande amitié, mais le climat s’est adouci. « Avant, il n’y avait ni entraînement commun ni communication. Maintenant, ça va mieux, on s’entraîne plus souvent ensemble. On se connaît bien, car on a eu de grands duels dans le passé », poursuit Sabalenka.
À leur arrivée à Paris il y a deux semaines, elles ont même partagé une séance d’entraînement d’une heure. « On s’est juste échauffées et joué quelques points, ce n’était pas un vrai entraînement. Je ne sais pas qui a pris l’initiative, peut-être nos entraîneurs », précise Swiatek. « C’est toujours positif de s’entraîner avec Aryna, elle impose un bon rythme et son jeu est de grande qualité. Mais depuis, beaucoup de choses ont changé et je n’ai rien de plus à ajouter. »
Si des comptes restent à régler, ce sera sur le court pour une place en finale. « Notre rivalité nous pousse chacune à donner le meilleur de nous-mêmes », conclut Swiatek. Et c’est bien tout ce que les fans attendent.