Bien qu’il ne soit pas présenté comme un favori évident, Achraf Hakimi serait un choix remarquable pour le Ballon d’Or 2025. Sa saison exceptionnelle, ses statistiques individuelles impressionnantes, ses succès collectifs et sa redéfinition du rôle de latéral droit font de lui un prétendant sérieux, bien plus qu’un simple figurant. Récompenser Hakimi permettrait également d’élargir l’horizon de cette distinction à des profils moins traditionnels, mais tout aussi méritants.
Cette fois, le Real Madrid ne pourra pas contester le résultat, quel qu’il soit. Qu’ils battent ou non le PSG mercredi, cela ne changera pas l’issue du Ballon d’Or 2025. En effet, leur meilleur atout, Kylian Mbappé, affaibli par une gastro en début de compétition, n’a pas pu jouer suffisamment pour influencer les votes, déjà défavorables au Real depuis plusieurs mois.
Même si Mbappé avait brillé lors de la Coupe du monde des clubs, il est peu probable que cet événement, qui suscite un intérêt limité, ait pu faire basculer la décision des électeurs sur le futur lauréat.
Depuis le printemps, la course au trophée individuel se concentre surtout sur deux joueurs : Ousmane Dembélé, qui impressionne par ses statistiques inattendues cet hiver et les succès du PSG, et Lamine Yamal, jeune prodige du FC Barcelone, dont le talent précoce et les exploits sur le terrain captivent.
La logique habituelle du Ballon d’Or favorise ces deux profils. Dembélé, car il a brillé et tout gagné, deux critères longtemps décisifs pour la récompense. Yamal, parce qu’il brille quand cela compte, à seulement 17 ans, ce qui peut suffire à faire de lui un candidat crédible dans la décennie actuelle.
En élargissant le champ des possibles, un autre nom s’impose pourtant, même sans lobbying particulier : Achraf Hakimi.
Le PSG a choisi de soutenir Dembélé, qui correspond mieux au portrait-robot du futur Ballon d’Or, entre statistiques et profil médiatique. C’est la realpolitik du football. Mais on regrette que le cas Hakimi, défenseur de métier, soit resté dans l’ombre. Sur le terrain pourtant, c’est une autre histoire.
Pas besoin de noyer le lecteur sous les chiffres, mais rappelons que le latéral droit marocain a inscrit 15 buts et délivré 15 passes décisives toutes compétitions confondues cette saison. Ce bilan, associé à sa régularité au plus haut niveau, le place parmi les candidats les plus sérieux.
Son impact dans les moments-clés ne fait que renforcer son profil : buts en quart de finale retour de Ligue des champions à Aston Villa, en demi-finale retour face à Arsenal, et ouverture du score en finale contre l’Inter. Hakimi a pesé quand ça comptait, à l’image d’un attaquant.
Au-delà des stats, ce qui impressionne, c’est la manière dont il réinvente son poste. Dans les années 90, certains latéraux brésiliens avaient transformé leur rôle en celui d’ailiers à mi-temps, comme Jorginho, Cafu ou Roberto Carlos. Hakimi, lui, dépasse son couloir pour s’imposer dans l’axe, notamment dans la surface adverse, comme en témoigne son but en finale de Ligue des champions.
Ce recentrage n’est pas le fruit d’un choix tactique imposé par un entraîneur, mais une caractéristique intrinsèque de son jeu. Pour lui, dépasser ses fonctions défensives est un art, une signature personnelle. Sa capacité à évoluer en diagonale change complètement la donne.
En 2024, les votants ont eu l’audace d’élire Rodri, milieu défensif de Manchester City, au détriment de Vinicius Jr., marquant une première historique. En 2025, il serait tout à fait légitime que le jury encourage la candidature d’Hakimi.
Le Ballon d’Or a rarement récompensé des défenseurs, seuls Beckenbauer, Sammer et Cannavaro ayant réussi cet exploit en jouant dans l’axe. Quant aux latéraux, peu ont frôlé la victoire, Roberto Carlos restant le seul à s’en être approché sérieusement au XXIe siècle.
Après avoir osé récompenser un milieu défensif, pourquoi ne pas valoriser un latéral total comme Hakimi, dont le jeu ne présente aucun point faible, hormis sa position de défenseur ? Ce choix marquerait une nouvelle réhabilitation du Ballon d’Or, longtemps dominé par Messi et Ronaldo, et offrirait une belle reconnaissance à un joueur parmi les plus brillants de sa génération.