Ce dimanche, Jannik Sinner a pris une magistrale revanche sur Carlos Alcaraz en remportant son tout premier Wimbledon (4-6, 6-4, 6-4, 6-4). Bien plus qu’un simple triomphe, ce succès efface le traumatisme de Roland-Garros et freine la progression de son rival. Par cette victoire, Sinner réaffirme sa place de numéro un mondial et rappelle à tous qu’il est, sans conteste, le meilleur joueur du tennis actuel.
Contrairement à certaines rencontres mythiques où les retournements de situation abondent, cette finale n’a pas été marquée par un suspense dramatique ni par des tremblements au moment décisif. Jannik Sinner a mené son plan à la perfection, exécutant Carlos Alcaraz avec froideur et rigueur. Un comportement exemplaire qui aurait dû, en toute logique, s’imposer dès la finale de Roland-Garros, interrompue par un incroyable retournement de situation.
Malgré le manque de spectacle ou de suspense, la réalité du tennis s’impose : Sinner est numéro un mondial depuis plus d’un an, avec une avance considérable sur Alcaraz (plus de 3 400 points de différence). Il est aujourd’hui indiscutablement le meilleur joueur, que ce soit sur dur, terre battue, ou désormais sur gazon. Après le faux pas à Paris, sa domination est à nouveau incontestable… du moins jusqu’au prochain défi.
Il ne faut pas oublier que cette suprématie a été mise à rude épreuve l’an dernier, avec une suspension de trois mois liée à un contrôle positif au Clostébol, suspension dont il est ressorti blanchi. Puis, une série de cinq défaites consécutives face à Alcaraz avait semblé ternir son aura. Pourtant, dans ces confrontations, Sinner a souvent été proche de la victoire, démontrant que, tennistiquement, il n’a jamais été inférieur à son rival.
Si le storytelling actuel du tennis mondial met davantage en lumière Carlos Alcaraz, plus spectaculaire, charismatique et souriant, il est aussi plus inconstant. Jusqu’ici invaincu en finale de Grand Chelem, Alcaraz a cette fois manqué son rendez-vous majeur. Si les fans préfèrent souvent le style flamboyant de « Carlitos », il est difficile de ne pas admirer la pureté du jeu de Sinner, sa maîtrise mentale et sa sérénité, presque méditative, qui dénote une force intérieure exceptionnelle.
Jannik Sinner a prouvé qu’il est un véritable « maître yogi » du tennis, capable de digérer rapidement les épreuves et de se relever encore plus fort. Ce triomphe à Wimbledon, qui coïncide avec son 100e match en Grand Chelem, marque son 20e titre en carrière, dont quatre en Grand Chelem en seulement deux saisons. À 23 ans, il rejoint les plus grands noms du tennis en alignant quatre finales majeures consécutives, aux côtés d’Andre Agassi, Novak Djokovic, Roger Federer, Rod Laver et Rafael Nadal.
On peut toujours s’interroger sur ce qu’aurait été son parcours sans les circonstances exceptionnelles rencontrées, notamment son sauvetage face à Grigor Dimitrov en huitièmes de finale grâce à la blessure de ce dernier. Mais ces hypothèses n’ont pas leur place dans l’histoire. Ce qui compte, c’est que Sinner a mérité chaque point de ce titre prestigieux. Il est rare qu’un joueur gagne Wimbledon par hasard, d’autant plus que depuis 2001, seuls des numéros un mondiaux ont triomphé sur le gazon londonien.
Malgré une finale qui ne faisait pas de lui le favori, Sinner a confirmé la logique pure du classement mondial. Même Alcaraz, nerveux et agité, a reconnu la supériorité de l’Italien : « Du fond du court, il est bien plus fort que moi ! » Une vérité difficile à contester. Aujourd’hui, Jannik Sinner est tout simplement le plus fort, partout et presque tout le temps.
