Le Tour de France 2025 se distingue par une particularité rare : cette 112e édition comporte dix étapes durant la « première semaine », un record inédit depuis 2019. Cette configuration est liée au fait que le 14 juillet, fête nationale française, tombe cette année un lundi, jour traditionnellement réservé au repos des coureurs. Plutôt que de laisser ce jour sans course, les cyclistes s’élanceront pour affronter les pentes ardues du Mont-Dore, en Auvergne. Mais ce 14 juillet mérite-t-il vraiment cette place sacrée dans le calendrier ?
Au-delà des enjeux sportifs, une légende nourrit la ferveur autour des coureurs français : remporter une étape le jour de la fête nationale reste un rêve glorieux, une entrée dans l’histoire. Gagner un 14 juillet, c’est s’inscrire dans la mémoire collective, à l’image de David Moncoutié, vainqueur en 2005, qui témoigne que ce jour n’est jamais un simple jour comme un autre.
Le grimpeur et consultant Eurosport souligne d’ailleurs avec conviction : « Il faut une étape le 14 juillet, même si c’est un lundi. C’est la fête nationale, une journée particulière où tout le monde est en congé. Le repos viendra le lendemain, donc cela ne pose pas de problème pour les coureurs. Et puis, il y aura plus de monde sur le bord des routes. »
Pour beaucoup, le 14 juillet est donc intouchable. Christian Prudhomme, directeur de la course, insiste sur le symbole de cette journée : « Nous voulions une étape le 14 juillet. Ce sera la première en montagne de ce Tour, avec 4 400 mètres de dénivelé. » Pour les coureurs français, chaque année, ce jour suscite de grands espoirs de succès, à l’image des exploits de Moncoutié et Warren Barguil en 2017, derniers Tricolores à s’imposer ce jour-là.
Mais l’étape du Mont-Dore, par son profil exigeant, promet aussi un grand spectacle. Prudhomme la compare à celle du Lioran de l’an passé, « la plus belle de l’été dernier », une étape qui a marqué les esprits. Avec ses cols emblématiques, elle enrichit la carte des montagnes françaises au-delà des traditionnels massifs des Pyrénées et des Alpes, offrant un décor propice aux confrontations mémorables, comme celle entre Pogacar et Vingegaard.
Cependant, cette décision implique que les coureurs devront enchaîner dix étapes consécutives dès le début du Tour, un défi intense mais déjà vécu à plusieurs reprises au XXIe siècle (2003, 2008, 2014, 2019). Les éditions de 2008 et 2014 avaient elles aussi vu un 14 juillet tomber un lundi.
Si cette continuité d’étapes est éprouvante, les professionnels relativisent. « Que ce soit 10 ou 11 jours d’affilée, cela ne change pas énormément la donne », explique Moncoutié. Il rappelle que le Tour est une épreuve difficile par nature, et que les coureurs savent gérer la fatigue, d’autant plus avec un jour de repos programmé juste après.
Reste que la journée du 14 juillet reste un moment chargé d’émotions et de symboles, surtout pour les Français qui voient en cette date une occasion de briller sur leurs terres. Le Tour, véritable patrimoine national, continue ainsi de préserver ce rendez-vous unique, malgré la pression des calendriers et la dureté croissante de la course.
Pourvu que cette tradition perdure, car même si les victoires ce jour-là sont rares, la magie et la fête restent intactes.