Avec sa 3e place surprenante à Carcassonne, Julian Alaphilippe réalise le meilleur résultat français de ce Tour de France 2025. Mais les Français déçoivent-ils vraiment ? C’est la question que nous abordons dans nos débats du Tour. Nous nous interrogeons aussi sur le moment le plus marquant des deux premières semaines, et sur les étapes que Tadej Pogacar visera en troisième semaine.
Les Français sont-ils passés à côté de ce Tour ?
Jean-Baptiste Duluc :
Il est clair que les Tricolores ne dominent pas ce Tour de France, mais je ne crois pas qu’on puisse parler de véritable déception. Personne ne misait sur la présence d’un Français dans le top 5 général après les Pyrénées, et encore moins que ce soit Kevin Vauquelin. Ce dernier a rivalisé avec les meilleurs dès la première semaine, flirtant avec le maillot jaune et la victoire d’étape. Les Français ont multiplié les places dans le top 10 (25 au total), ont tenté leur chance souvent, et même s’ils n’ont pas encore gagné, il est difficile d’être vraiment déçu. Jusqu’ici, les étapes ont été remportées par les cadors, et les Français restent dans l’ombre, à l’exception de Vauquelin. Leur niveau actuel, c’est d’être souvent placés sans s’imposer.
Alaphilippe pensait-il vraiment avoir gagné ?
Vincent Brégevin :
Je partage le constat de Jean-Baptiste sur le niveau des Français, qui reste similaire à celui de l’an dernier. Mais il faut rappeler qu’à ce stade en 2024, ils avaient déjà décroché trois victoires d’étapes (Bardet, Vauquelin, Turgis). Cette année, aucune victoire pour la France, mais trois coureurs dans les 13 premiers au général, dont Vauquelin cinquième, ce qui est remarquable. Cette régularité — cinq Français dans le top 10 à Carcassonne — est à saluer, mais sans victoire, le Tour ne peut pas être pleinement réussi. L’épreuve n’est pas finie, tout peut encore changer.
Le moment le plus marquant des deux premières semaines ?
Vincent Brégevin :
L’instant décisif, c’est cette séquence à Hautacam où Jhonatan Narvaez imprime une accélération fulgurante, éliminant presque tout le monde sauf Pogacar et Vingegaard. On voit le Danois déjà en difficulté, puis Pogacar reprendre le relais pour distancer définitivement son rival et s’imposer au sommet. Cette image symbolise la suprématie de Pogacar et de l’équipe UAE Emirates – XRG. Je redoutais un coup de mou après sa chute à Toulouse et la perte de son lieutenant João Almeida, mais cette démonstration a balayé mes doutes.
Jean-Baptiste Duluc :
J’ai aussi été surpris par la défaillance de Vingegaard face à Narvaez, même si le Danois a livré un jour sans. Par contre, voir Remco Evenepoel rattrapé à Peyragudes par Vingegaard a été un choc, surtout après avoir eu deux minutes d’avance sur le chrono. Cette image, ainsi que l’abandon d’Evenepoel dès le lendemain, alors qu’il était 3e du général, a marqué ce Tour.
Quelles étapes Pogacar voudra-t-il absolument remporter en troisième semaine ?
Vincent Brégevin :
Le Mont Ventoux et le Col de la Loze sont ses cibles prioritaires. Pogacar veut effacer ses souvenirs difficiles, notamment sa faiblesse sur le Ventoux en 2021, et surtout son pire jour au Col de la Loze en 2023 où il avait concédé près de six minutes à Vingegaard. Il jouera certainement ses cartes sur ces étapes, en plus de contrôler le reste de la troisième semaine.
Jean-Baptiste Duluc :
Tout à fait. Pogacar et son équipe ont clairement annoncé leur volonté de revanche à Hautacam et à la Loze. Le Mont Ventoux est aussi une étape symbolique à récupérer. Enfin, je le vois bien vouloir s’imposer sur les Champs-Élysées, un sacre prestigieux que seuls quelques grands ont réussi avec le maillot jaune, comme Hinault. Cela reste une ultime cible pour le Slovène, sans pour autant en faire une obsession.
