Ce n’est pas une nouveauté : à Chelsea, les vestiaires sont pleins à craquer. Sous l’ère Graham Potter, certains joueurs devaient même se changer dans les couloirs du centre d’entraînement de Cobham, faute de place. L’entraîneur avait parfois recours à des exercices surréalistes : un onze contre onze pendant qu’un neuf contre neuf s’activait sur un terrain voisin. Une situation qui aurait fait rire les Marx Brothers.
Mais Enzo Maresca pourrait bien repousser les limites du burlesque. Avec 43 joueurs sous contrat professionnel – sans compter les jeunes de l’U18 –, l’Italien pourrait aligner quatre équipes complètes. Un chiffre bien au-delà des listes autorisées par la Premier League ou l’UEFA pour la Ligue des champions.
Dans le détail, cela donne : 4 gardiens, 9 défenseurs centraux, 6 latéraux, 8 milieux (dont 4 défensifs), 3 meneurs de jeu, 6 ailiers et 7 attaquants de pointe. Une armée.
244 millions dépensés, et déjà l’embouteillage
Depuis l’arrivée de Todd Boehly et du fonds Clearlake à la tête du club, Chelsea n’a pas levé le pied. Malgré une pression croissante liée aux règles de rentabilité imposées par la Premier League et l’UEFA, les Blues continuent d’acheter à tour de bras.
Sept recrues ont déjà rejoint l’effectif cet été pour un total de 244 millions d’euros (*), alors que quinze autres joueurs sont revenus de prêts. Parmi eux, des noms bien connus comme Raheem Sterling (transparent à Arsenal), Joao Felix (décevant à Milan), Armando Broja, Ben Chilwell ou Axel Disasi, qui n’ont pas brillé dans leurs clubs respectifs.
Des contrats jusqu’en 2032… et des joueurs invisibles
L’accumulation devient problématique. Un joueur peu utilisé perd rapidement en valeur, mais continue de coûter cher, surtout lorsque son contrat s’étale jusqu’en 2032 ou 2033, comme c’est le cas pour certains.
Benoît Badiashile, par exemple, recruté en 2023, a été précieux en Conference League, mais absent en Premier League sur la fin de saison. Wesley Fofana, acheté pour plus de 80 millions d’euros en 2022, n’a joué que deux matches en sept mois, blessé puis opéré.
Dégraissage urgent et casse-tête à venir
Chelsea veut vendre. Mais qui voudra de Sterling (lié jusqu’en 2027), de Chilwell (même échéance), ou de Joao Felix, sous contrat jusqu’en 2031 ? Des rumeurs de départs circulent, mais elles peinent à se concrétiser.
L’un des cas les plus épineux reste Mikhaylo Mudryk. Contrôlé positif au meldonium en novembre 2024, l’Ukrainien est déjà mis à l’écart. Acheté 70 millions d’euros en janvier 2023, il est désormais considéré comme une perte sèche.
Encore une recrue à 90 millions ?
Malgré tout, Chelsea lorgne Xavi Simons pour 90 millions. Un transfert qui pousserait logiquement Christopher Nkunku vers la sortie, un an seulement après son arrivée pour 60 millions. Mais où irait-il, et à quel prix ? Personne ne semble avoir la réponse. Et la même question se pose pour une bonne moitié de l’effectif.
Nicolas Jackson semble déjà sur le départ, alors que Joao Pedro (70 M€) et Liam Delap (40 M€) arrivent dans la hiérarchie. Mais là encore : vers quel club ? Et à quel coût ?
Un modèle économique qui intrigue
Pour faire passer la pilule aux instances, Chelsea a redoublé d’imagination, se vendant à lui-même des hôtels, parkings ou même sa section féminine, sans réaction de la Premier League ou de l’UEFA. Pour le moment.
Car en réalité, le plan de Chelsea reste flou. Qui prend les décisions ? Lawrence Stewart (ex-Monaco) et Paul Winstanley (ex-Brighton) composent le duo technique. Mais l’accumulation de talents ne semble répondre à aucune logique d’ensemble, si ce n’est celle de la spéculation.
Ce qui manque, ce n’est pas l’identification des joueurs prometteurs, mais une stratégie claire et cohérente. Chelsea court après un modèle… qui pourrait très vite l’étrangler financièrement. Mais ça, ce sera demain. Et demain, pour la cigale londonienne, n’existe pas encore.
