Cissokho : « J’ai plongé dans des eaux très profondes »

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Samedi soir à Malabo, Souleymane Cissokho est devenu challenger officiel WBC pour la ceinture mondiale des welters. Malgré avoir été mis au tapis aux 2e et 5e rounds, il a su puiser dans ses réserves pour l’emporter à l’unanimité des juges face au Lituanien Egidijus Kavaliauskas, conservant ainsi son invincibilité en 18 combats. Il attend désormais le vainqueur du duel entre le champion Mario Barrios et la légende Manny Pacquiao.

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Souleymane Cissokho, quel est votre ressenti après cette victoire qui vous ouvre la porte du championnat WBC des welters ?

Je suis très heureux, ainsi que toute mon équipe. J’ai affronté un boxeur que beaucoup évitent, connu pour sa puissance, avec 80 % de victoires avant la limite. Nous n’avons pas choisi la voie la plus simple. Ce fut un combat difficile contre un adversaire très dur qui ne m’a jamais lâché pendant les 12 rounds. Je suis satisfait du résultat. J’ai fait preuve de résilience, ce qui était essentiel. J’ai été mis à terre au 2e et au 5e round, mais j’ai continué à me battre et à croire en ma victoire.

Vous évoquez la résilience, mais il a aussi fallu respecter votre plan de jeu : boxer à distance et rester mobile, malgré la puissance de Kavaliauskas.

C’est un mélange de plusieurs éléments : mental, préparation physique intense et travail mental en amont. Cela m’a permis de récupérer rapidement après chaque coup reçu. Cette endurance m’a aidé à le tenir à distance et à le gêner, ce qui a clairement frustré mon adversaire. Ce fut un combat tactique. J’étais en forme physiquement, mais il fallait bien gérer la distance et rester en mouvement, et ça a fonctionné.

Au 5e round, vous avez été projeté à travers les cordes, hors du ring. Que s’est-il passé ?

Je n’ai pas vu venir le coup. J’ai reçu un uppercut et j’ai failli tomber hors du ring, mais j’ai réussi à me rattraper avec le pied et la main simultanément. Heureusement, ma coordination a été au rendez-vous. J’ai vite repris mes esprits, remonté seul sur le ring, récupéré, puis repris le combat. Ce fut un moment particulier.

C’est la première fois que cela vous arrive ?

Oui, c’est un véritable test. Je sais que le chemin est difficile. J’ai affronté un adversaire que personne ne voulait, un frappeur puissant venu pour gagner. Je me suis vite remis. J’ai voulu rassurer mon équipe et mon entourage après ce coup. Cet adversaire a mis à terre des grands noms comme Terence Crawford ou Virgil Ortiz. À part ces deux moments, je n’ai pas pris beaucoup de coups. Physiquement, je ne suis pas marqué.

Vous êtes le premier Français de la génération 2016, la « Team Solide », à atteindre ce stade de la demi-finale mondiale.

Je suis très fier. Cela faisait 18 mois que je n’avais pas combattu. C’est la récompense d’un long travail. J’y ai toujours cru, et c’est ça la magie. Ce combat, initialement annulé en décembre à cause d’une blessure, était crucial, peut-être même plus important que le championnat du monde à venir. Je me suis préparé en conséquence, j’ai vraiment puisé très profondément, et cela s’est ressenti lors du combat.

Vous attendez maintenant le championnat du monde face au vainqueur du duel Barrios-Pacquiao.

Oui, il faut patienter jusqu’au 19 juillet et voir qui sortira vainqueur. Peu de Français atteignent ce niveau, et j’en fais partie. Mon objectif est clair : disputer ce championnat du monde et décrocher cette prestigieuse ceinture WBC. Je reste réaliste et vais continuer à travailler dur pour cela.

Il y a 10 ans, aurait-on cru que vous pourriez prétendre à un titre mondial face à un boxeur comme Manny Pacquiao, 46 ans ?

Personne ne l’aurait imaginé. C’est incroyable. Beaucoup pensent que le fait qu’il n’ait pas combattu depuis 4 ans joue en sa défaveur, mais il reste une légende. Je crois cependant que Barrios est supérieur. Pour ma part, j’ai déjà affronté l’adversaire le plus redouté, celui que personne ne voulait affronter. Maintenant, il faut être patient, on connaît les coulisses du business de la boxe, on verra bien.

Vous étiez aussi promoteur de la soirée à Malabo via votre société Boxium Promotion. Quel bilan tirez-vous ?

C’est une réussite pour Boxium Promotion. Nous avons accompli un énorme travail. La soirée a attiré beaucoup d’invités et de champions. La carte des combats était exceptionnelle, avec notamment Kevin Lele Sadjo, petit-fils de Muhammad Ali, Nico Ali Walsh, un espoir américain prometteur, Amari Jones, et un combat local. Tout s’est déroulé parfaitement, dans une ambiance digne des plus grandes salles mondiales. C’était une première, mais certainement pas la dernière.

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