Entretien avec Stéphane Meunier, réalisateur des Yeux dans les Bleus : « Christophe Dugarry m’avait appelé le soir de la diffusion »

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Ce week-end, les 13 et 14 septembre à Paris, une exposition propose de revivre le parcours légendaire de l’équipe de France lors de la Coupe du monde 1998 à travers 40 photographies rares. Toutes ont été prises par Stéphane Meunier, réalisateur du film culte Les Yeux dans les Bleus, qui raconte de l’intérieur l’aventure des Bleus d’Aimé Jacquet. L’occasion pour nous de revenir avec lui sur quelques souvenirs marquants.

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L’origine de l’exposition
Stéphane Meunier explique : « L’idée ne vient pas de moi, mais de l’agence Loge. Ce sont de jeunes passionnés de football, certains n’étaient même pas nés en 1998. Ils m’ont contacté en disant : “À un an de la Coupe du Monde, nous aimerions organiser un événement autour de vos photos.” J’ai tout de suite aimé leur vision romanesque de cette époque. Aujourd’hui, notre monde est lourd et complexe, mais eux voulaient juste retrouver le plaisir et la légèreté du foot d’alors, avant les réseaux sociaux. »

Les photos, un carnet intime
Au-delà du film, Meunier confie avoir pris ces photos pour le plaisir, avec un petit appareil photo, presque comme un carnet de notes : « C’était un moyen de me détendre, de soulager la pression du tournage. Ces clichés, je ne les regarde pas tous les jours, certaines sont chez un agent ou au Musée national du sport, d’autres ont été offertes aux joueurs. Ils racontent une autre histoire de cette Coupe du monde. »

Certaines images ne pourraient plus être réalisées aujourd’hui, comme celle de Zidane seul dans le vestiaire après son expulsion face à l’Arabie saoudite.

Parmi ses préférées, Meunier cite un instant suspendu : le vestiaire vide le jour de la finale, avec uniquement le maillot de Didier Deschamps accroché, accompagné du brassard et des chaussures. « Un moment très particulier, qui résume l’intensité et la symbolique de cette finale », se souvient-il.

L’intégration au groupe
Au début, l’accès au groupe n’était pas automatique. Après un stage à Tignes et la présentation par Aimé Jacquet, Meunier a progressivement été accepté. « J’ai commencé par passer mes journées et mes nuits avec eux, du petit-déjeuner aux massages. À un moment, Bixente Lizarazu m’a dit : “Soit il est avec nous, soit il n’est pas avec nous.” C’est là que j’ai réellement senti que je faisais partie du groupe. »

Des souvenirs toujours vivants
Aujourd’hui encore, beaucoup de jeunes générations évoquent le film et l’époque 1998, même s’ils n’étaient pas nés. Meunier souligne la chaleur et la fraternité de cette période, un moment où le football avait un côté plus humain et fédérateur.

Le lien avec certains joueurs reste fort, notamment avec Zinédine Zidane. Mais concernant le rôle de futur sélectionneur, Meunier plaisante : « Non ! (rires) ».

Moments marquants et anecdotes
Concernant le film, un joueur lui avait initialement reproché une séquence : Christophe Dugarry. « Il m’a appelé le soir de la diffusion. C’était intense émotionnellement pour lui, mais il n’a jamais demandé de retirer la séquence. »

Pour Meunier, le moment le plus iconique reste la victoire contre l’Italie en quart de finale : « Je n’avais pas l’autorisation de filmer sur le terrain, mais quand Di Biagio frappe la barre, j’ai couru sur la pelouse avec ma caméra. Symboliquement, battre l’Italie à l’époque était énorme. »

Il se rappelle aussi des conseils d’Aimé Jacquet : « “Muscle ton jeu, Robert” à Robert Pires, ou “Zizou, joue plus simple”. C’était humain, jamais autoritaire. »

Et du 12 juillet 1998, jour de la finale : « Le coup de sifflet final : on est champions du monde ! La joie était immense, mais je devais continuer à filmer malgré l’émotion. »

Infos pratiques
L’exposition est gratuite et ouverte au public les 13 et 14 septembre, de 9h30 à 20h, au 10 Rue du Perche, à Paris.

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