Dans un entretien accordé à L’Équipe, Jean-Marc Mickeler, président de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), s’est exprimé sur les tensions ayant entouré la situation financière de l’Olympique Lyonnais. Le club rhodanien a évité de justesse une relégation administrative en Ligue 2, notamment après le départ de son président John Textor, remplacé fin juin par Michele Kang.
« John Textor est sans doute le président avec lequel nous avons le plus échangé », confie Jean-Marc Mickeler, revenant sur les discussions intenses entre l’instance et l’homme d’affaires américain. Dès son arrivée à la tête de l’OL, la DNCG avait alerté Textor sur la nécessité d’injecter massivement des fonds pour garantir la stabilité du club à long terme.
« Nous avions fait preuve de pédagogie. Il nous avait assuré avoir bien compris. Mais en décembre, de gros écarts sont apparus entre le budget initial présenté en juin et celui révisé à l’automne. Face à cela, nous avons rétrogradé l’OL à titre conservatoire, avec des critères précis à respecter, notamment pour combler un déficit estimé à 240 millions d’euros », explique Mickeler.
Au fil des mois, malgré des réunions régulières – dont une après l’élimination contre Manchester United en mars – les engagements financiers attendus de la part de John Textor n’ont jamais été honorés. « Nous avons multiplié les alertes, mais aucun élément concret n’a été fourni. Dans ces conditions, nous n’avions pas d’autre choix que d’en tirer les conséquences », ajoute-t-il. L’instance reproche également à Textor un manque de réactivité de la part des actionnaires après l’annonce de la rétrogradation.
Selon le patron de la DNCG, si les échanges avec de nombreux clubs sont parfois « animés », ils reposent généralement sur une relation de confiance, ce qui n’a pas été le cas avec l’ex-président lyonnais. « John Textor nous avait dit qu’il comprenait, mais ses actes n’ont pas suivi. La confiance s’est progressivement érodée. »
Le tournant est intervenu avec l’arrivée de Michele Kang, qui a rapidement repris les rênes et revu le plan financier de fond en comble. « Le nouveau budget, validé par les auditeurs et garanti par les actionnaires, a permis de combler une partie des besoins de financement et de répondre à nos exigences », souligne Mickeler. C’est ce sérieux retrouvé qui a convaincu la DNCG d’annuler la rétrogradation du club.
De son côté, John Textor continue de dénoncer le traitement qu’il estime injuste. « Ce n’est pas noir ou blanc, déclarait-il récemment. Ils refusent de prendre en compte les revenus issus des transferts, alors que nous générons 100 millions de dollars par an dans ce domaine. Ils construisent des projections comme si nous ne vendions aucun joueur. »
L’homme d’affaires américain critique également la gouvernance du football français, qu’il juge obsolète : « Je veux être un agent du changement. Le modèle actuel ne fonctionne pas. Nous essayons d’introduire une logique inspirée de la Premier League, où chaque club a son mot à dire. »