Trois matchs, trois défaites : le bilan chiffré du XV de France en Nouvelle-Zélande, au mois de juillet, est implacable. La dernière, concédée à Hamilton (29-19), clôt une tournée paradoxale. Jamais encore sous l’ère Fabien Galthié les Bleus n’avaient enchaîné trois revers consécutifs. Pourtant, cette série noire n’efface pas les nombreux motifs de satisfaction aperçus durant cette campagne.
Une tournée plus consistante qu’il n’y paraît
Dès l’entame à Dunedin (31-27), les Français ont fait jeu égal avec les All Blacks. Sans complexes, piqués dans leur orgueil, ils ont failli créer la surprise. Cette première prestation a marqué un tournant : beaucoup de ces joueurs, novices sous le maillot tricolore, ont su élever leur niveau pour rivaliser avec les meilleurs.
Le deuxième test, à Wellington, fut en revanche à sens unique (43-17). L’écart de niveau et d’expérience s’est fait sentir dans cette rencontre déséquilibrée. Il a fallu attendre la troisième manche pour retrouver un match accroché, où les Bleus sont longtemps restés dans la course avant de céder (29-19).
La frustration d’un succès manqué
Une victoire aurait suffi à donner une toute autre saveur à cette tournée. La frustration est palpable dans les rangs français. « Il faut être réaliste, on repart avec trois défaites », a reconnu Théo Attissogbe, lucide mais combatif. Le jeune Palois incarne cette génération qui refuse de se satisfaire des encouragements, aussi honorables soient-ils. Fabien Galthié a d’ailleurs lui-même admis : « Quand tu perds trois fois contre la même équipe, c’est qu’elle est meilleure. »
Mais au-delà du résultat brut, l’attitude et l’engagement ont marqué les esprits. « On perd trois matchs, mais j’ai malgré tout le sentiment que c’était une bonne tournée », résume Jean-Baptiste Lafond, consultant pour Eurosport. Et ce, malgré les absences majeures de cadres tels que Dupont, Alldritt, Ntamack ou Penaud. Le groupe aligné en Nouvelle-Zélande, jeune et inexpérimenté, n’a pas fui le combat. « Le haka leur fait moins peur », observe Lafond, admiratif.
Des individualités en pleine progression
Certains joueurs ont profité de cette tournée pour s’affirmer. Nolann Le Garrec, à seulement 23 ans, a su prendre les rênes du jeu tricolore. Théo Attissogbe, encore peu connu du grand public, a brillé à l’aile comme à l’arrière. En troisième ligne, Mickaël Guillard et Alexandre Fischer se sont imposés comme des éléments solides, tandis que Matthias Halagahu a montré de belles promesses dans le pack.
Les plus expérimentés n’ont pas démérité non plus. Rabah Slimani, Gabin Villière et surtout Gaël Fickou, capitaine exemplaire, ont porté l’équipe avec dignité. « J’ai appris que n’importe quelle équipe de France peut relever le défi néo-zélandais », a souligné ce dernier, saluant la force mentale du groupe.
Même Scott Robertson, le sélectionneur des All Blacks, a reconnu le mérite des Bleus : « Ils sortent d’une saison de onze mois, ils sont venus jusqu’ici et ont réalisé de très belles prestations. Ils peuvent être fiers. »
Une tournée perdue, mais des repères gagnés
Le XV de France quitte la Nouvelle-Zélande avec trois défaites. Mais aussi avec des certitudes : un vivier de talents prometteurs, une capacité à rivaliser avec les meilleurs, et un mental de compétiteurs. La victoire n’était pas au rendez-vous cette fois, mais les fondations posées pourraient porter leurs fruits à moyen terme.